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Le biais d’ancrage
Pourquoi la première impression compte
Lorsque la COVID-19 a été annoncée pour la première fois début 2020, on ne savait pas grand-chose de cette maladie. Il s’agissait d’une infection respiratoire d’origine virale, caractérisée par des symptômes grippaux tels que fièvre, toux, courbatures et essoufflement. Les premières estimations de son taux de létalité (CFR) étaient inférieures à celles du SRAS et du MERS, et son taux de propagation était à peu près le même que celui de la grippe. On a généralement supposé que la transmission se faisait principalement par des gouttelettes respiratoires, voire par contact direct, comme c’est le cas pour de nombreuses autres maladies respiratoires courantes. Ça ne semble pas si grave, n’est-ce pas ?
La COVID-19 ressemble-t-elle à la grippe ou à Ebola ?
La comparaison de la COVID-19 avec la grippe a effectivement « ancré » de nombreuses personnes dans l’idée que la COVID n’est « pas un gros problème », malgré des analyses rapidement mises à jour suggérant un taux de mortalité beaucoup plus élevé, un taux de reproduction élevé, des preuves de propagation par voie aérienne, une transmission asymptomatique et des symptômes à long terme. En effet, une enquête ultérieure de Southwell et al 2020 a montré : « Le comportement passé en matière de vaccination contre la grippe prédisait la volonté de se faire vacciner contre la COVID-19 à l’avenir parmi les Américain·ne·s. » En d’autres termes, malgré des informations plus récentes sur la gravité de la COVID-19, les personnes interrogées ont continué à fonder leurs décisions sur la grippe.
Imaginez maintenant qu’au lieu de la grippe, les premiers rapports aient comparé la COVID-19 à une maladie plus effrayante : Il s’agit d’une maladie respiratoire transmise par un virus, dont les symptômes ressemblent à ceux d’Ebola : fièvre, mal de gorge, courbatures et fatigue. Elle est beaucoup plus mortelle qu’Ebola, avec un taux de reproduction similaire. Cependant, contrairement à Ebola, qui se transmet principalement par contact direct, la COVID-19 est une maladie respiratoire qui peut également être transmise par des gouttelettes respiratoires, et qui est potentiellement aéroportée. Ça paraît un peu plus terrifiant maintenant, n’est-ce pas ? Toutes ces informations étaient disponibles dès le début de la pandémie, et la maladie aurait tout aussi bien pu être comparée à Ebola qu’à la grippe. Pensez-vous que cela ait pu avoir une incidence sur la distanciation sociale, le masquage ou l’adoption du vaccin ?
Levez l’ancre !
L’ordre dans lequel les informations sont présentées est important, car le cerveau humain privilégie naturellement les informations antérieures par rapport aux preuves fournies ultérieurement. Ce phénomène s’appelle l’effet d’ancrage :
L’effet d’ancrage est un biais cognitif qui décrit la tendance humaine commune à se fier trop fortement au premier élément d’information proposé”.
Ce n’est pas que les gens n’ajustent pas du tout leurs impressions initiales, mais plutôt qu’ils ne s’ajustent pas assez en fonction des nouvelles informations – c’est pourquoi ce biais est parfois appelé « heuristique d’ancrage et d’ajustement« .
L’une des façons les plus courantes d’étudier ce phénomène consiste à indiquer aux gens la difficulté d’une tâche avant de leur demander s’ils pensent s’en sortir. Pour une même tâche, les personnes qui sont amenées à penser que la tâche sera difficile (un point d’ancrage bas) se jugeront moins capables et abandonneront plus rapidement que celles qui étaient amenées à penser que la tâche serait facile (un point d’ancrage élevé).
En d’autres termes, des ancres plus élevées conduisent à des estimations plus élevées de l’auto-efficacité et à un comportement plus persistant dans la tâche (Cervone & Peake, 1986; Peake & Cervone, 1989; Lee Ang & Ming Lim, 2007). Prenez cela avec un grain de sel, cependant, car d’autres études (Switzer & Sniezek, 1991; Jung, Perfecto, & Nelson, 2016) suggèrent que l’effet d’ancrage ne se traduit pas toujours par un comportement réel dans des situations concrètes.
De nombreuses recherches ont également été menées dans le domaine économique. L’effet d’ancrage est responsable du fait que votre cerveau pense qu’un article en vente à 80 dollars au lieu de 100 dollars est meilleur que le même article affiché à 80 dollars à l’origine.
Dans une expérience célèbre, on a demandé à des étudiant·e·s de noter les deux derniers chiffres de leur numéro de sécurité sociale, puis d’évaluer combien iels paieraient pour certains articles. Celles et ceux dont le numéro était le plus élevé ont déclaré qu’iels paieraient plus que celles et ceux dont le numéro de sécurité sociale était le moins élevé.
L’ancrage dans la pandémie
Un exemple célèbre de la pandémie est celui des discussions sur l’efficacité du port de masques. Les masques ont d’abord été présentés comme insignifiants dans les médias occidentaux en février 2020. Cette opinion a changé quelques mois plus tard, en avril 2020, lorsqu’ils ont été considérés comme efficaces. Maintenant, avec le variant Omicron qui circule, ils sont considérés comme encore plus importants.
Cependant, l’opinion publique a mis du temps à s’adapter aux impressions initiales (image de Li et al, 2022). Le graphique ci-dessous montre la volonté de porter un masque aux États-Unis (en bleu) et en Chine (en rouge). Aux États-Unis, où le port du masque n’était pas la norme auparavant, il a fallu près de 6 mois pour que la perception du public rattrape la science.
![Li_2022](https://scienceupfirst.com/wp-content/uploads/2022/05/Li_2022-1024x854.png)
Les auteur·ice·s de l’étude émettent l’hypothèse suivante :
« … avant la pandémie de COVID-19, les Américain·ne·s avaient de très faibles attentes quant au fait que le port de masques protégerait contre la grippe saisonnière. Cette faible efficacité perçue peut être l’une des principales raisons de la lenteur de l’adoption du port du masque par nos participant·e·s américain·ne·s au début de la pandémie. Cependant, à mesure que les preuves scientifiques se sont accumulées et que les autorités ont commencé à approuver clairement le port du masque, la plupart des participant·e·s sont devenu·e·s plus disposé·e·s à porter des masques dans l’espace public. »
La bonne nouvelle de cette étude est que les opinions s’adaptent, éventuellement. En général, les expert·e·s en communication scientifique et en santé publique suggèrent de tirer parti de la confiance, de l’opinion des expert·e·s, de la cohérence des messages et des messages adaptés au public, comme meilleures pratiques en matière de communication scientifique.
Écrit par Anthony Morgan
Édité par Jon Farrow
Traduit par Elyas Aissia
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— LaSciencedAbord (@LaScienceDAbord) May 18, 2022
Et si, en janvier 2020, les gros titres disaient :
"Il y a un nouveau virus avec des symptômes comme Ebola : Fièvre, maux de gorge, courbatures et fatigue." 🤔
🧵1/7#LaSciencedAbord pic.twitter.com/kyJJxzwY6c